Les restaurations des toitures des cathédrales d’Auxerre et Sens menées entre 1999 et 2003 ont été l’occasion de s’interroger sur la mise en œuvre originelle de ces deux couvertures monumentales. Un travail de suivi de restauration a d’abord permis d’identifier plusieurs centaines de tuiles présentant des caractères atypiques (format, système de fixation, pureau glaçuré polychrome ou monochrome). L’ensemble de ces matériaux a été soumis à une approche croisée associant typologie et archéométrie afin de déterminer leur période de production (archéomagnétisme et thermoluminesence) et d’évaluer au préalable la cohérence des lots récoltés (pétrographie et physico-chimie). L’origine médiévale de ces tuiles a ainsi pu être confirmée et corrélée avec les dates de levage des charpentes. Contre toute attente, ces investigations ont clairement montré que ces chantiers de couverture ont connu des conditions d’approvisionnement en matériaux radicalement différentes : alors que l’un reçoit une seule production homogène, l’autre en reçoit plusieurs, de différents formats et avec différents systèmes de fixation. La présentation s’attachera à comparer l’exécution de ces deux chantiers qui jalonnent le XIVe siècle. Il s’agira notamment de proposer une explication à ces logiques différentes d’approvisionnement non seulement sur la base de données historiques, mais également à partir de la disponibilité des ressources naturelles. Enfin, on tentera de déterminer les conséquences de telles réalités sur la mise en œuvre de ces ouvrages.