Ce texte examine la période 1918‐1921 et le problème du processus qui aboutit à la signature du premier traité soviéto‐iranien, le 26 février 1921. En se basant tout d’abord sur des sources primaires en langue persane ainsi que sur la littérature secondaire en plusieurs langues, notamment en persan et en russe, démonstration est faite que ce traité est souvent interprété, à tort, comme le premier acte du pouvoir pahlavi. Une telle interprétation conforte l’idée d’une rupture absolue inaugurée par Reza Khan, le future Reza Shah Pahlavi, qui aurait rétabli une dignité étatique négligée par ses prédécesseurs. Au contraire, l’article prouve que les gouvernements antérieurs, notamment celui de Vosuq od-Dowleh, ont eu à cœur de défendre la souveraineté et intégrité territoriale de l’Iran, dans le contexte très difficile de l’après-guerre. Le traité irano-britannique d’août 1919 ne fut pas cet « acte de soumission à l’impérialisme » si longtemps brocardé, mais un coup diplomatique réfléchi. Ce sont les déceptions entraînées par l’échec des efforts de mise en application de ce traité par les hommes politiques iraniens qui poussèrent le gouvernement de la Perse dirigé alors par le Premier Ministre Vosuq of Dowleh, à ouvrir secrètement des négociations avec les Bolchéviques dès avril 1920… L’architecte du traité soviéto-iranien du 26 février 1921, qui n’a pratiquement aucun lien avec le nouveau régime issu du coup d’Etat du 21 février 1921 voir avec Reza Khan, n’est autre que le soit-disant « traître à la patrie », Vosuq od-Dowleh lui-même, qu’il convient de réhabiliter.