Le système énergétique dominant est confronté à deux limites : la raréfaction des énergies fossiles et fissiles conventionnelles (Mérenne-Schoumaker, 2007 ; Merlin, 2008 ; Chevalier, 2004, 2009) et le réchauffement climatique anthropique induit (Tsayem-Demaze, 2011 ; Deshaies et Baudelle, 2013). Ces propriétés combinées à la hausse de la demande énergétique mondiale nous interrogent sur la durabilité de notre système et plus largement de notre modèle de développement. Nous assistons à une nouvelle conscientisation de la question énergie-climat qui a permis l’émergence de politiques publiques visant au développement des énergies renouvelables (EnR) et à l’amorce d’une nouvelle transition énergétique (Brücher, 2009 ; Smil, 2010 ; Fouquet et Pearson, 2012). La production française d’électricité ayant absorbé, en 2013, 48,8 % de la consommation d’énergie primaire, nous nous intéressons à l’évolution du système électrique dans cette transition. C’est dans ce contexte que notre système électrique connaît deux mutations majeures. D’une part, l’ouverture et la libéralisation des marchés européens et français de l’électricité qui permettent une multiplication et une diversification des acteurs énergéticiens et d’autre part, la miniaturisation des moyens de production d’électricité renouvelable qui autorise sa décentralisation (Dunsky, 2004). Des dynamiques de territorialisation des EnR, et en particulier du photovoltaïque au sol (PVS), sont ainsi apparues. Malgré un fort développement depuis 2006, la part du photovoltaïque dans la production d’électricité brute en 2013 reste marginale en France métropolitaine avec 0,83 % (4,6 TWh) contre 4,7 % (30 TWh) en Allemagne ou 4,6 % (13,1 TWh) en Espagne . Les centrales photovoltaïques au sol (CPVS) des régions Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA) et Rhône-Alpes – détenant à elles cinq 54,6 % des capacités de production photovoltaïque de France métropolitaine – ont généré près de 35 % de cette production. La diffusion des CPVS observée ayant des conséquences territoriales importantes, cet article a pour objet d’étudier ces dynamiques au regard de l’évolution des conditions socio-techniques qui ont marqué la décennie écoulée (2002-2013). Après avoir montré l’influence de l’évolution des conditions socio-techniques sur les systèmes d’acteurs dominants, nous exposerons la géographie des CPVS dans le Sud de la France.