Les temporalités dans lesquelles s'inscrivent les migrations forcées sont très diverses. Les migrations qualifiées de forcées sont le plus souvent abordées sous le seul angle de contrainte et comme des migrations spontanées. Or, le temps court, celui des exodes liés au conflit est souvent à mettre en relation avec des migrations et des formes de mobilités qui s'inscrivent dans les temporalités plus longues que sont celles des diasporas et qui sont mobilisés lors des conflits. Au Moyen-Orient, où les conflits ont généré parmi les plus importants groupes de réfugiés depuis la seconde guerre mondiale, l'existence de diasporas structurées et anciennes est l'une des clé de lecture de la géographie de l'exil actuelle tant des Palestiniens que des Irakiens, mais aussi probablement des Syriens. Aborder la question de la généalogie des mobilités permet de mieux comprendre les séquences actuelles et leurs connexions avec des formes d'organisation sociales construites dans la durée dans les espaces structurés par les diasporas. Loin d'être homogènes, ces diasporas sont confrontées aux défis de tisser des liens entre des générations de réfugiés arrivés dans les années 1970 et 1980, souvent très bien intégrées dans leurs sociétés d'accueil avec une nouvelle génération confrontées à de nouveaux conflits et des sociétés d'accueil en proie à de profondes transformations.