Le Rituel d’exorcisme du manuscrit de Munich, BSB, Clm 10085, datable du début du XVe siècle, d’origine germanique, serait le premier du genre. En un temps où la lutte contre les démons est au cœur des préoccupations de l’Église, ce livre de petit format offre à l’officiant différents ordines et formulaires liturgiques majoritairement latins permettant d’expulser le ou les démons hors du corps des possédés. Si le compilateur puise majoritairement à des sources liturgiques qui s’inscrivent dans la tradition canonique du Pontifical romano-germanique, il a aussi intégré des éléments plus originaux ; d’une part, une « prière » d’exorcisme attribuée à l’empereur Charles IV de Luxembourg († 1378) datée de 1365 ; d’autre part, des formulaires de conjuration des démons appartenant à la nigromancie de la fin du Moyen Âge, ce qui illustre la porosité entre les deux modes de contrainte des mauvais esprits. De nombreux liens intertextuels avec le manuel de nigromancie édité en 1997 par R. Kieckhefer (ms. Munich, BSB, Clm 849, XVe s.) peuvent être mis en évidence, et le Rituel conserve en son sein une version du Vinculum spirituum ou Vinculum Salomonis, un texte de magie rituelle qui entretient des liens avec la célèbre Clavicula Salomonis. Cet étonnant Rituel d’exorcisme, une fois placé dans son contexte, est ici édité et annoté pour la première fois, en lien avec d’autres du XVe siècle.