Les possibles effets des transformations technologiques sur l’emploi font débat . En 2013, l’étude réalisée par Frey et Osborne de l’Université d’Oxford a conclu qu’un emploi sur deux (47 %) serait menacé par la numérisation de l’économie. Ce chiffre a été contesté. Selon le rapport du Conseil d’orientation pour l’emploi (COR) intitulé « Automatisation, numérisation et emploi » de janvier 2017, « moins de 10 % des emplois existants présentent un cumul de vulnérabilités susceptibles de menacer leur existence dans un contexte d’automatisation et de numérisation ; mais la moitié des emplois existants est susceptible d’évoluer, dans leur contenu, de façon significative à très importante ». Cet article porte donc sur les effets en termes de contenu de l’activité et de conditions de travail du développement de l’informatique et de la numérisation. Dans l’industrie, on observe depuis longtemps le passage de tâches de production à des tâches de surveillance. La digitalisation et l’automatisation ont porté cette tendance également dans le secteur des services. Là comme ailleurs, les nouvelles technologies peuvent être mises au service des conditions de travail ou dans celui de l’augmentation de la productivité. Souvent, leur utilisation se traduit par une augmentation de l’intensité et de la pénibilité. Le capitalisme de plateforme tel qu’il est proposé par des entreprises comme Uber fait émerger de nouvelles formes de travail indépendant mais place les personnes concernées fréquemment dans des situations assez fragiles. La digitalisation donne très souvent le sentiment trompeur de pouvoir se passer de fonctions de support (secrétariat, comptabilité…) qui finissent par envahir les tâches principales et brouillent la distinction entre travail et hors travail.