L’anthropologie nous informe que le temps est une construction sociale, une construction sociale en changement. On est passé en quelques siècles du temps solaire, cyclique des champs, au temps-horloge linéaire régulier et homogène de l’industrie. Aujourd’hui une autre conception du temps anime la ville, le territoire, la planète entière. Le nouveau temps n’est pas une addition de temps-horloge ou de moments réguliers, il s’agit d’enchevêtrements de durées, de rythmes, de flux irréguliers, un temps paradoxal fait de temporalités multiples, toutes présentes dans une même unité d’espace. Un temps dont le caractère politique affecte la vie publique et la vie domestique comme aussi l’intégration sociale des personnes et leur bien-être. Il sollicite de façon nouvelle la gouvernance des villes. La réflexion proposée s’appuie sur une relecture de mes travaux avec d’autres, afin de repérer les caractères sociaux de ce nouveau temps, en vue de dégager les points communs ainsi que les différences dans l’expérience sociale temporelle des citoyens. Une politique de la ville et du territoire tournée vers les « gens » est amenée à tenir compte à la fois, de la nature complexe et discordante des nouveaux temps sociaux, des grandes différences sexuées dans les configurations spatio-temporelles des pratiques sociales, ainsi que des liens réciproques entre les sphères sociales, publiques, professionnelles et privées.