En livrant les coulisses d’une recherche sur le Premier ministre en France, cet article explique les usages croisés que l’on fait de l’histoire et de la sociologie dans l’analyse des institutions. Il peut se lire comme un plaidoyer pour la méthodologie weberienne – qui n’est d’ailleurs, comme l’a écrit Paul Veyne, qu’une façon de faire de l’histoire – même s’il en reconnaît également les limites et les dangers. Car si pour la sociologie des institutions politiques la méthode historique est un très bon moyen de rupture avec le sens commun (notamment savant), cet usage instrumental de l’histoire expose le chercheur à plusieurs difficultés : la tentation d’une histoire policière, le problème de l’adéquation des catégories d’analyse au terrain, enfin, ce que Marc Bloch appelait l’idolâtrie des origines.