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Communication dans un congrès Année : 2017

L’industrie chimique et le défi de la formation professionnelle : le cas de l’Office National Industriel de l’Azote (1924-1967)

Résumé

« La mise en route de notre usine s’est faite dans des conditions invraisemblables (…) le personnel, cadres compris, était un ensemble d’apprentis enthousiastes qui partaient à la conquête d’un nouveau monde technique ». C’est en ces termes que l’ingénieur-chimiste, Louis Arseguel, résume ses débuts professionnels à l’Office national industriel de l’azote (ONIA) en 1924-25. Le démarrage de cette entreprise intervient dans un contexte bien particulier, marqué par une révolution technologique qui touche l’industrie mondiale des produits azotés. Depuis 1913 et la mise au point par la BASF du procédé Haber-Bosch, il devient possible d’effectuer la synthèse de l’ammoniaque en fixant directement l’azote de l’air. Cette avancée scientifique suscite la convoitise des principales puissances industrielles dans la mesure où elle a permis à l’Allemagne de subvenir à ses propres besoins en explosifs et en engrais azotés pendant la Première Guerre mondiale. Une fois le conflit terminé, les puissances alliées imposent à l’Allemagne la cession de ses brevets chimiques dans le cadre du Traité de Versailles. A partir de ces technologies, le Gouvernement français décide de développer sur son propre sol une industrie nationale d’ammoniaque synthétique. La création de l’ONIA, instituée par la loi du 11 avril 1924, découle de cette orientation politique. Toutefois, le fait de posséder des technologies éprouvées ne constitue pas un gage de réussite. Encore faut-il parvenir à les mettre en œuvre convenablement, en disposant de savoir-faire techniques adaptés. La construction et l’exploitation de cette usine d’ammoniaque synthétique implique en effet, de franchir un « seuil technologique » très élevé dans la mesure où à cette époque, la chimie des haute-pressions reste encore une filière mal maitrisée dans le monde. La tâche se révèle d’autant plus ardue que l’usine d’engrais azotés a été construite à Toulouse, au sein d’une région n’ayant pas connu par le passé d’industrie chimique similaire. Il en résulte immanquablement des problèmes aigus de main-d’œuvre et d’encadrement des ateliers, que ce soit au niveau de la stabilité, de la quantité ou de qualité. En effet, le premier personnel embauché par l’ONIA est dans son extrême majorité (ingénieur supérieurs exceptés) non initié aux savoir-faire de l’industrie de l’azote et se révèle, par conséquent, inadapté aux types de travaux exigés. Aussi, dès le commencement, pour tout ce qui concerne les besoins liés à la formation du personnel et à son adaptation, les problèmes techniques et les problèmes sociaux apparaissent intimement mêlés. Face à ces carences, le développement de la formation professionnelle à l’ONIA s’impose à la hâte, comme quelque chose d’évident, mais d’encore peu pensée en terme pédagogique. Ce n’est que dans un second temps, qu’elle devient l’objet d’une politique davantage réfléchie par les dirigeants de l’Office, et qu’elle intègre les dispositifs de gestion du personnel, venant s’adosser à des politiques globales de formation conçues et organisées, non seulement à l’échelle de l’entreprise, mais plus encore, à l’échelon de l’État.
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Dates et versions

halshs-01585658, version 1 (11-09-2017)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01585658 , version 1

Citer

Michael Llopart. L’industrie chimique et le défi de la formation professionnelle : le cas de l’Office National Industriel de l’Azote (1924-1967). Former la main-d’œuvre industrielle en France. Acteurs, contenus et territoires (Fin XIXe-XXe siècles), Nov 2017, Toulouse Université Jean Jaurès, France. ⟨halshs-01585658⟩
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Dernière date de mise à jour le 07/04/2024
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