La communication propose une analyse typologique des identités des communautés numériques créatives. Plus particulièrement, elle remet en cause l'apparente homogénéité des communautés épistémiques et des communautés de connaissance. La mise en question concerne le domaine de fondation des communautés qui est trop souvent éludé au profit d'une étude strictement fonctionnelle. Nous suggérons au contraire qu'une différence fondamentale existe entre des communautés au profil stable et régulier et à visée scientifique ou technique et des collectifs au profil foisonnant et instable et à visée de transformation sociale. Nous conduisons pour cela une analyse sociolinguistique en deux étapes des lexiques issus des auto-présentations des communautés numériques. Cette méthodologie est inédite dans l'étude des communautés et ouvre une perspective d'extension du champ de recherche sur les communautés créatives. L'objectif de notre contribution consiste à interroger l'homogénéité du vaste ensemble des communautés créatives : ne peut-on pas aller plus loin que la distinction établie par Cohendet et Llerena en 2003 entre communautés de pratique et communautés épistémiques ? Les multiples expériences liées aux logiciels libres (Cardon, 2010, Mangolte, 2015) aux activités de fabrication autonome (Eychenne, 2012), aux ressources gérées sous forme de communs (Joubert, 2016, Zimmermann, 2015) et aux projets d'émancipation (Bauwens, 2015, Stiegler, 2015) nous montrent en effet des groupes qui pensent simultanément leur utilité sociale, leur technique et leur organisation. Ces groupes prennent des formes très variées