La gravité de la situation sanitaire provoquée par la pandémie de l’infection par le VIH a poussé le gouvernement camerounais à mener dans tout le pays des actions coordonnées d’un plan de « lutte contre le sida ». Un appel a été fait également aux organisations religieuses (églises et mosquées) pour qu’elles relaient auprès de leurs fidèles les instructions officielles. C’est dans ce cadre qu’a été prononcé le sermon que nous analysons ici. L’imam dont nous avons étudié le texte est pris entre deux exigences qui lui apparaissent comme partiellement contradictoires, à savoir, suivre les prescriptions du ministère de la Santé, d’une part, et respecter les exigences de l’islam telles qu’elles sont perçues localement, d’autre part. Finalement, l’imam rejette discrètement mais fermement les consignes « techniques » du gouvernement, à savoir l’usage du préservatif pour limiter la dissémination du virus, le test de dépistage du VIH et, le cas échéant, la prise d’antirétroviraux. En revanche, il prêche en faveur d’un plus grand contrôle de soi dans le domaine de la sexualité et d’une profonde empathie pour les personnes infectées par le VIH. Nous étudierons aussi son texte du point de vue lexical et linguistique afin de savoir dans quelle mesure il a pu être reçu par l’auditoire.