Cet article est consacré à l’interprétation de la défaite d’Athènes dans la guerre du Péloponnèse, telle qu’on peut la lire dans l’Histoire de la civilisation grecque de Jacob Burckhardt. Ce dernier pensait que la civilisation grecque s’était épanouie dans une large mesure grâce à trois moteurs distincts : le principe de la polis, l’esprit agonistique et la montée de l’individualisme. Pour lui, ces idéaux essentiels se réalisèrent de manière exemplaire à Athènes à l’époque classique, mais leur interaction eut des effets destructeurs, qui produisirent des contradictions internes insurmontables à l’intérieur de la polis athénienne et provoquèrent finalement la défaite d’Athènes dans la guerre du Péloponnèse. À mon avis, cet événement a pour Burckhardt un caractère tragique, parce qu’en renversant Athènes le reste de la nation grecque abattit la cité qui avait réalisé de manière exemplaire les idéaux les plus élevés des Grecs. La défaite d’Athènes est donc symptomatique d’un élan autodestructeur et révèle ainsi l’impasse de la culture grecque à la fin du Ve siècle.