Entre 1999 et 2014, le squat parisien « La Miroiterie », situé au 88 rue de Ménilmontant dans le xxe arrondissement, a joué un rôle de premier plan dans le monde de la création et de la diffusion artistique alternatives. Résistant aux injonctions municipales, résolument arc-bouté sur la non-adhésion aux politiques culturelles de la ville, ce lieu autogéré a défendu coûte que coûte le droit d’exister en tant qu’espace libre de création multi-artistique (arts plastiques, danse, capoeira, musique). Dans le cadre de cette journée d’étude, nous nous proposons de nous centrer sur l’analyse de la vie artistique du squat, et plus particulièrement sur l’organisation de concerts largement dominée par la programmation nationale et internationale de groupes punk. À partir d’un corpus d’archives de première main et d’enquêtes ethnographiques, nous souhaiterions réinterroger la capacité de la vie artistique de ce lieu à faire sens dans la perspective de la « résistance » – résistance aux diverses pressions sociopolitiques, municipales, administratives, mais aussi à l’ordre culturel – et à proposer une ouverture sur le monde qui s’incarne dans le développement d’une scène alternative dynamique et inventive. La fermeture récente et soudaine du squat suite à un accident, liée à la détérioration des lieux (2014), n’entérine pas pour autant la fin de « La Miroiterie ». Les multiples initiatives des squatters pour reconquérir et reconstruire un espace de vie artistique, les négociations avec la ville de Paris et les polémiques liées à la récupération du nom du squat pour favoriser un projet immobilier qui capitaliserait sur le succès artistique et bohème du lieu, permettent in fine de considérer cette configuration de lutte et de résistance comme un prisme décisif dans l’analyse des perspectives et des enjeux qui marquent les politiques culturelles de la capitale et les transformations de la ville créative au XXIe siècle.