Le sport est devenu l’un des « laboratoires privilégiés pour réfléchir sur les rapports sociaux et leurs évolutions » (Elias & Dunning, [1986] 1998, p. 26). À l’instar d’autres pratiques et cultures sportives, le surf est un objet légitime de recherches scientifiques en sciences humaines et sociales. Les auteurs de cet ouvrage collectif défendent ainsi l’idée que l’analyse des pratiques, cultures, et politiques sportives propres au monde du surf permet d’éclairer les dynamiques sociétales. Ils souhaitent apporter un regard nouveau sur les réalités plurielles qui traversent le surf contemporain. Les contributions réunies ici ne s’inscrivent donc pas forcément dans la continuité des premières pistes de réflexions conduites jusqu’alors autour du paradigme structuraliste, c’est-à-dire sur le fait de considérer que l’individu est exclusivement déterminé par ses structures sociales, culturelles, territoriales d’appartenance. Au contraire, les auteurs de cet ouvrage démontrent la nécessité de s’en remettre au paradigme du sensible, du quotidien, et de l’imaginaire qui concède une place prépondérante aux relations qui s’orchestrent entre « le mythe et la science » (Gusdorf, [1953] 1984). Les contributions s’affranchissent ainsi d’une lecture rationnelle et positiviste car ce type de connaissance scientifique « fournit une des interprétations possibles de l’expérience sensible, mais non la seule. Le danger de la formalisation scientiste est qu’elle ne prétende, en se substituant à la conscience perceptive, fournir la lecture du réel valable à l’exclusion de toute autre » (ibid., p. 274). L’enjeu relève d’une acuité nouvelle dans la mesure où « l’intellectualisme aboutit à un acosmisme » (ibid., p. 269). En effet, l’hypothèse défendue est que les dimensions symboliques du surf renvoient à cette volonté de comprendre et de saisir le monde à partir d’un engagement corporel propre et relatif à l’acte de glisse sur la vague. Les registres existentiels qui se manifestent dans la pratique du surf traduisent alors les relations qu’entretiennent les surfeurs à la nature, à soi, au corps, à l’esthétique, à l’autre, au social, à la culture, à l’espace, au politique. En marge de la compréhension des déterminismes d’ordre socioculturel, économique ou territorial, se dessine ainsi une autre voie paradigmatique, fondée sur l’examen du sensible, de l’imaginaire, et des interactions symboliques pour appréhender le surf.