Célèbre pour ses "bouchons", tant gastronomiques que routiers, Lyon fait partie de ces villes dont la traversée par des routes nationales constitue un fort enjeu d'aménagement urbain, avec des jeux d'acteurs politiques d'une redoutable complexité. Cela donne lieu à plusieurs formes de compromis entre des visions de la ville et des acteurs variés, parfois difficiles à concilier : entre État et ville, entre voies urbaines et axe routier, entre circulation de transit et circulation locale, entre la promotion d'une étape touristique et la volonté d'écoulement du trafic automobile. Cette communication propose de replacer ces enjeux dans une histoire de longue durée, en étudiant l'aménagement des voies composant la Route Nationale 7 dans la ville de Lyon de la fin du XIX e siècle jusqu'à la fin du XX e siècle. Cette période est marquée par une diversification des circulations à l'échelle de la ville avec le développement des tramways, des deux-roues et autres transports automobiles, mais surtout par l'essor d'un trafic routier interurbain qui est souvent vu comme un problème par les autorités municipales. Dans ce contexte, l'aménagement des voies nationales, relevant du domaine de l'État et de la gestion par l'administration des Ponts-et-Chaussées, est souvent pensé avec des référentiels routiers dont l'adaptation à un contexte urbain peut s'avérer complexe. Cela s'observe notamment dans l'évolution des tracés de cette route dans la ville, qui relève à la fois de compromis politiques et d'une adaptation à une circulation routière de plus en plus rapide. Cette adaptation passe aussi par des aménagements concrets du paysage de ces axes par des infrastructures diverses (panneaux de signalisation, revêtements, …). Enfin, il apparaît intéressant de se pencher sur l'identité de ces portions urbaines d'une route à forts enjeux mémoriels qui connaît un processus de patrimonialisation plutôt sélectif.