Français 1688. The First Modern Revolution, ouvrage de Steven Pincus paru en 2009, réinterprète d’une manière nouvelle et ambitieuse les évènements qui constituèrent la Glorieuse Révolution anglaise de 1688-1689. Ouvrage remarqué et commenté par les historiens anglo-saxons, il est néanmoins passé inaperçu au sein de la communauté historique française, alors même que la thèse qu’il présente rapproche l’histoire révolutionnaire de l’Angleterre de celle de la France. Selon lui, loin d’être pacifique, raisonnable ou conservatrice, la Glorieuse Révolution fut violente, populaire et radicale, et le conflit entre Jacques II et Guillaume d’Orange opposa non pas les réactionnaires aux progressistes ou les catholiques aux protestants, mais bien plutôt deux projets modernisateurs antagonistes. Celui de Jacques II épousait celui des tories, et souhaitait créer un État absolutiste catholique moderne, fondé sur un empire terrestre étendu, un armée forte, une administration efficace et une agriculture développée. Celui de Guillaume d’Orange et de ses partisans whigs préconisait au contraire la création d’un empire commercial et maritime s’appuyant sur la production manufacturière. S. Pincus rompt dès lors avec la vision exceptionnaliste de la Glorieuse Révolution qui a longtemps prévalu en Angleterre et aux États-Unis. Pour lui, cette révolution doit être en réalité comprise comme la première révolution moderne, comparable à bien des égards aux révolutions ultérieures, française, russe, chinoise ou iranienne. MOTS-CLÉS English Re-thinking the Glorious Revolution 1688. The First Modern Revolution, published in 2009 by Steven Pincus, reinterprets in a new and ambitious way the events that constituted the Glorious Revolution of 1688-1689. Commented on by Anglo-Saxon historians, it went unnoticed within the French historical community, even though its thesis brings England’s revolutionary history closer to that of France. According to Pincus, far from being peaceful, reasonable or conservative, the Glorious Revolution was violent, popular and radical, and the conflict between James II and William of Orange did not oppose reactionary groups to progressive ones, or Catholics to Protestants, but rather two antagonistic modernizing projects. James II’s was a Tory one, and wanted to create a modern absolutist Catholic state based on an extensive land empire, a strong army, an efficient administration and a developed agriculture. On the contrary, the project developped by William of Orange and his Whigs supporters advocated the creation of a commercial and maritime empire based on manufacturing production. S. Pincus therefore broke with the exceptionalist vision of the Glorious Revolution that had long prevailed in England and the United States. For him, this revolution must be understood as the first modern revolution, comparable in many respects to the French, Russian, Chinese or Iranian revolutions. [summary from the issue]