¿Son sostenibles las ciudades europeas? Aportaciones de la Geografía y las Ciencias Sociales
Les villes européennes sont-elles durables ? Apports de la géographie et des sciences sociales
Résumé
En esta época marcada por una crisis económica de amplitud mundial, en la que el paro y la pobreza afectan especialmente a algunas regiones europeas, surgen multitud de preguntas en torno a las ciudades y a su capacidad de resistencia y adaptación. Esta inquietud se añade a otra más antigua de tipo medioambiental: debido al consumo energético creciente, a la producción química y a todo tipo de polución, se ha impuesto progresivamente la idea de que la Tierra sufre cambios globales, que requieren, a su vez, respuestas también globales. La noción de sostenibilidad nos remite, según las definiciones adoptadas en el informe de Brundtland en 1987 y difundidas después en la Cumbre de la Tierra de Río en 1992, a un desarrollo «que satisfaga las necesidades de las generaciones actuales sin comprometer las de las generaciones futuras». Sin embargo, es preciso constatar que la constitución de una gobernanza mundial, capaz de regular las tensiones tanto económicas como medioambientales, no puede basarse en la simple suma de racionalidades de los Estados, reunidos en organismos mundiales con escaso poder para imponer sus decisiones (O.N.U.), o estancados en relaciones de fuerza que datan de la postguerra de la segunda guerra mundial (FMI, Banco Mundial, GATT/OMC). ¿Podrían las ciudades, que históricamente aparecieron mucho antes que los Estados y se organizaron en redes haciendo caso omiso de las fronteras políticas, especialmente bajo la égida de sus comerciantes, de sus sabios y de sus artistas, responder mejor al desafío de la sostenibilidad? ¿Cuál puede ser, en este contexto, el papel de las ciudades europeas, que parecen disponer de pocas armas en un mundo más bien regido por la mundialización de la economía que por la comunicación y las ideas?
Para responder a estas cuestiones, es necesario sumergirse en un marco cronológico y espacial específico. Sólo una historia que se remonte a la Edad Media permite situar la ciudad europea en el marco de la mundialización de los intercambios y localizar los elementos que permitan comprender mejor su lugar actual en la economía-mundo (parte 1). Pero, seguidamente, hay que sumergirse en el contexto europeo y precisar el objeto mismo de estudio, la ciudad, en sus múltiples definiciones, preguntándonos si podemos realmente hablar de «la ciudad europea», o si no se debe más bien evocar «las ciudades de Europa», inscritas en una diversidad de contextos de poblamiento (parte 2). Finalmente, cambiaremos de nuevo de escala y nos interesaremos por las poblaciones que viven y trabajan en el interior de las ciudades de Europa: el concepto de sostenibilidad hace referencia a cuestiones demográficas, económicas y sociales (sin hablar de problemas medioambientales, que no abordamos directamente aquí), y cada una de ellas está asociada en el caso de Europa a retos particulares, que hay que definir de manera precisa para a continuación poder establecer un diagnóstico (parte 3). Cada vez que sea posible, evocaremos el caso y la posición particular de España y de Valencia en este panorama de ciudades europeas.
En cette période marquée par une crise économique d’ampleur mondiale, qui touche particulièrement certaines régions d’Europe par le chômage et la pauvreté, les interrogations se concentrent autour des villes et de leur capacité de résistance et d’adaptation. Cette inquiétude s’ajoute à une autre plus ancienne, d’ordre environnemental : en raison des consommations énergétiques croissantes, des productions chimiques et des pollutions de toutes sortes, l’idée s’est imposé peu à peu que la Terre subit désormais des changements globaux, qui en appellent à des réponses elles aussi globales. La notion de durabilité renvoie, selon les définitions adoptées dans le rapport Brundtland en 1987 puis diffusées au Sommet de la Terre à Rio en 1992, à un développement « qui satisfait aux besoins des générations présentes sans compromettre ceux des générations futures ». Force est cependant de constater que la construction d’une gouvernance mondiale, capable de réguler les tensions économiques comme environnementales, ne peut reposer sur la simple addition des rationalités des Etats, réunis dans des organismes mondiaux trop peu puissants pour imposer leurs décisions (O.N.U.) ou figés dans des rapports de force datant des lendemains de la seconde guerre mondiale (FMI, Banque Mondiale, GATT/OMC). Les villes, qui sont apparues historiquement bien avant les Etats et se sont organisées en réseaux faisant fi des frontières politiques, notamment sous l’égide de leurs marchands, de leurs savants et de leurs hommes d’art, sauraient-elles mieux répondre à ce défi de la durabilité ? Quel peut être, dans ce contexte, la place particulière des villes d’Europe, qui semblent bien peu armées dans un monde davantage régi par la mondialisation de l’économie que par celles de la communication et des idées ?
Evoquer ces questions nécessite de s’immerger dans un cadre chronologique et spatial adapté. Seule une histoire longue remontant au Moyen Age permet de situer la ville européenne dans le contexte de la mondialisation des échanges et repérer les éléments qui permettent de mieux comprendre sa place actuelle dans l’économie-monde (partie 1). Mais il faut ensuite s’immerger dans le contexte européen et préciser l’objet même de l’étude, la ville, dans ses multiples définitions, en nous demandant si l’on peut vraiment parler de « la ville européenne » ou s’il ne faut pas plutôt évoquer « les villes d’Europe », inscrites dans une diversité de contextes de peuplement (partie 2). Enfin, nous changerons à nouveau d’échelle et nous nous intéresserons aux populations qui vivent et travaillent à l’intérieur des villes d’Europe : la notion de durabilité fait référence à des questions démographiques, économiques et sociales (sans parler des questions d’environnement, que nous n’abordons pas directement ici), et chacune est associée dans le cas de l’Europe à des enjeux particuliers, qu’il faut définir précisément pour pouvoir ensuite tenter un diagnostic (partie 3). Chaque fois que ce sera possible, nous évoquerons le cas et la position particulière de l’Espagne et de Valencia dans ce panorama des villes européennes.