Les recherches sur la tonogenèse dans l’aire de l’Asie Orientale sont dans une situation paradoxale : ces phénomènes sont aujourd’hui bien compris pour la plupart des langues de cette aire (Daïque, Austroasiatique, Sino-Tibétaine en partie), tandis que l’origine de ces phénomènes reste à déchiffrer dans les anciens traités chinois : Qièyùn, Guǎngyùn et Yùnjìng pour l’essentiel. Il faut donc relire ces documents à la lumière des connaissances modernes. Cette communication rappelle les principaux processus de formation des systèmes de tons (tone systems) et des systèmes à registres de type de voix (phonation type register systems) dans les langues de l’Asie Orientale. Sur cette base, une hypothèse est proposée au sujet de la formation de la registro-tonogenèse en chinois : le dialecte chinois central évolué (monosyllabique) se serait imposé au dialecte périphérique conservateur (sesqui-syllabique). La population locale dominée linguistiquement se serait convertie au nouveau parler monosyllabique mais en lui ajoutant le contraste tendu-relâché (/T ~ L/), lequel contraste n’a pu s’insérer que dans l’opposition /sourd ~ sonore/ du dialecte dominant.