Bénédiction ou malédiction ? Maladies et malades sous le regard des bénédictins (XIe-XIIe siècle)
Résumé
La perception de la maladie s’appuie pendant tout le Moyen Âge sur la lecture de l’Épître aux Hébreux (12, 10) qui insiste sur l’aspect sacrificiel de la souffrance. Les bénédictins anglo-normands des XIe et XIIe siècle montrent une grande compassion pour leurs prochains malades dont la douleur s’identifie à celle du Crucifié. Dans la perspective eschatologique de l’expiation, toute pathologie est vue à la fois comme un signe d’élection et une offrande à Dieu. Cette vision paulinienne de la gloire par la faiblesse correspond à l’outillage conceptuel des moines de ce temps. La maladie est aussi perçue comme punition de la faute, le produit du courroux divin. Voici une image étrange d’un dieu qui donne et retire la maladie. Comment les moines concilient cette double perception antinomique d’une maladie à la fois rédemptrice et corruptrice ?