Narrative Power and Historical Science: Representation of Normans From L'Histoire de la Conquête de l'Angleterre par les Normands of Augustin Thierry (1825-1846)
Puissance narrative et science historique. La représentation des Normands dans L’Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands d’Augustin Thierry (1825-1846)
Résumé
In 1825, Augustin Thierry published a History of the Conquest of England by the Normans. Seven editions followed in the author’s lifetime until 1846, with additions or changes of mind. The first French medievalist saw 11th century England as a historical laboratory of ‘races’ affronting one another. Anglo-Saxon barbarians are set against the civilizing, assertive, conquering and domineering Normans. The historian presents the reader with the point of ‘Vision of the Vanquished’. In order to unravel the narrative web, we must pull on five threads at the same time. The first thread is made up of the 17th and 18th century English and French historiography. The second is made up of the memories of the two English Revolutions and of the French revolution, with their themes of a sovereign people, of a nation, of the rejection of a Norman regal power dominating the masses, established with the complicity of an arrogant and dishonest higher Clergy. The third thread deals with the progress of liberty and of the middle-classes. The fourth one weaves an aesthetic experience borrowed from Walter Scott’s 1819 Ivanhoe. The last thread is about the use of servile sources being woven into the narrative scheme. The last thread is that of the use of sources turned by hand in the sense of the narrative scheme.
En 1825, Augustin Thierry publie L’histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands. Jusqu’en 1846 sept éditions se succèdent du vivant de l’auteur avec des ajouts et des repentirs. Pour le premier médiéviste français, l’Angleterre du XIe siècle est un laboratoire historique du choc des « races ». La « barbarie » anglo-saxonne s’oppose aux Normands civilisateurs, sûrs d’eux-mêmes, conquérants et dominateurs. L’historien offre au lecteur une « vision des vaincus ». Pour dénouer la trame narrative, il nous faut tirer sur cinq fils à la fois. L’historiographie anglaise et française du XVIIe et du XVIIIe siècle compose le premier. Le deuxième est formé par les mémoires des deux révolutions anglaises et de la Révolution française, avec les thèmes du peuple souverain, de la nation, du rejet d’un pouvoir royal normand tout puissant sur les masses, établi avec la complicité d’un haut clergé arrogant et malhonnête. Le troisième est celui du progrès de la liberté et de la bourgeoisie. Le quatrième tisse une expérience esthétique empruntée à Ivanhoé de Walter Scott (1819). Le dernier fil est celui de l’emploi de sources tournées à sa main dans le sens du schéma narratif.