Cette communication a été présentée lors du colloque tenu en 2011 à Paris à l’initiative de M. Mossakowska et O. Delouis, 2ème volet d’un programme collectif portant sur La vie quotidienne des moines en Orient et Occident (IVe-Xe s.). Elle donne les premiers résultats de mes recherches menées sur les activités domestiques des moniales franques du haut Moyen Age, telles qu’elles sont décrites principalement dans les sources hagiographiques et les règles monastiques. Le premier objectif de cette enquête a été d’éclairer le cadre matériel, en dégageant des textes les témoignages sur les formes d’organisation du travail au sein des communautés, ainsi que les activités elles-mêmes. Mais leur analyse a surtout mis en valeur un système de représentations qui traduit, non pas tant la réalité quotidienne (même s’ils livrent au passage des détails très concrets), que les modèles de vie monastique que leurs auteurs cherchent à promouvoir. Dès lors, ce qui frappe c’est d’abord la grande variété de formes de vie proposées aux moniales, au moins jusqu’au IXe siècle qui voit se mettre progressivement en place l’uniformisation bénédictine : selon que la coutume donne la priorité au travail manuel ou à la prière, à l’hospitalité ou à la méditation, au soin des malades ou à l’enseignement, selon que le monastère est double ou pas, qu’il abrite un nombre important de nobles dames, et que la clôture est plus ou moins appliquée, le tableau des activités quotidiennes des moniales varie. L’article se termine en comparant ces données avec les sources similaires destinées aux moines. On constate alors que les modèles de vie proposés diffèrent sensiblement entre les femmes et les hommes, ce qui laisse entendre que la doctrine cénobitique n’échappe pas à la distinction des sexes, les fondements de cette idéologie étant sans doute une conception spécifique de la sainteté féminine qui place au-dessus de tout virginité et chasteté.