Créé au début des années 2000, l'Institut de la mémoire nationale (Instytut Pamięci Narodowej, IPN) polonais est devenu incontournable dans les discussions sur l'histoire et la mémoire des « totalitarismes » nazi et soviétique en Pologne. Cet institut est le principal centre de recherches polonais en histoire contemporaine, mais aussi l'un des principaux éditeurs et bailleur de fonds pour la recherche. Ses publications offrent un récit assez enchanté, qui tend à présenter l'histoire de la Pologne au cours de la Seconde Guerre mondiale comme celle d'une nation de héros et de victimes. Les activités de l'IPN ont suscité et suscitent encore de nombreuses controverses, liées entre autres à l'histoire de la Shoah. Ces controverses sont liées au rôle central que joue l'IPN dans la « politique historique » de l'État polonais. Cette politique est plus que jamais caractérisée par une volonté de présenter un récit univoque sur certains aspects de l'histoire, à commencer par les « relations polono-juives » durant l'occupation allemande. L'article revient d'abord sur la contribution de l'IPN au développement et au renouvellement de l'historiographie de la Seconde Guerre mondiale en Pologne. Il évoque ensuite les principales caractéristiques du récit de la période 1939-1945 offert par l'IPN. Enfin, sont abordées les difficultés à remettre en cause ce récit enchanté, illustrées par les réactions hostiles de la direction de l'IPN face au développement de certaines recherches sur la Shoah.