Le dispositif de VAE permet à certains personnels non qualifiés des établissements de santé d’accéder au diplôme d’Etat d’aide-soignante et à leur employeur de répondre à bon compte aux attendus des autorités d’agrément en termes de qualification de leur main-d'œuvre. Par une enquête de terrain en cours auprès de candidates d’une région de France, à partir du recueil de livrets de candidates, d’observations de jurys et d’entretiens biographiques, on s’interroge sur l’épreuve que constitue la VAE pour des personnes non-diplômées, « faisant fonction » d’aide-soignante, et sur sa signification pour des femmes dont, à une session donnée, seul un quart obtient le diplôme visé. Ce processus peut être analysé comme la confrontation entre une expérience singulière de travail institutionnalisé, le plus souvent auprès de personnes âgées dépendantes et un ensemble d’attentes et de prescriptions, pour la plupart codifiées, qui entourent le métier d’aide-soignante, avec pour enjeu le classement ou le déclassement de la candidate. L’épreuve orale en constitue le moment-clé sous forme d’une séquence particulière d’interactions entre la candidate et les trois membres du jury, représentant les employeurs, les formateurs et les professionnels (aides-soignants ou infirmiers). Chaque tentative est susceptible de disqualifier leur parcours et leurs compétences en même temps que de compromettre leur avenir.