La discussion que nous proposons découle d’une caractéristique commune rencontrée dans le cadre de nos thèses : travaillant tous trois sur l’analyse de transformations socio-spatiales de systèmes de peuplement survenues sur le temps très long (plusieurs siècles à plusieurs millénaires), nos terrains d’étude recouvrent des espaces du passé. Seulement quelques traces observables en subsistent, telles que des orientations et des formes viaires inaltérées, des monuments historiques ou encore des vestiges archéologiques. Somme toute, des données bien insuffisantes pour facilement appréhender l’espace étudié tant globalement que dans ses spécificités. Cette carence dans l’appréhension directe de nos espaces d’étude ne peut pas, en outre, être compensée par un recours à d’éventuels acteurs puisque leur durée de vie est de fait largement inférieure au temps long de nos objets d’étude. Les possibilités d’enquêtes de terrain nous étant limitées, nous ne pouvons dès lors aborder nos espaces qu’à partir de sources indirectes, ancrant notre démarche dans « une [recherche] de seconde main » (Claval, 2013). Face à ce constat, peu fréquent en géographie, nous proposons une réflexion croisée sur nos rapports à des terrains « infréquentables » physiquement, et donc a priori alternatifs vis-à-vis de la « géographie de terrain » qui prédomine aujourd’hui.