La trace : une notion partagée dans une recherche interdisciplinaire sur la mobilité et les rapports à l’espace des enfants
Résumé
Depuis une dizaine d’années, les travaux utilisant des données collectées par capteurs
pour comprendre les mobilités quotidiennes, notamment enfantines, se multiplient (projet
PEACH). Particulièrement adaptés à des collectes en continue sur plusieurs jours, les
protocoles méthodologiques restent très peu explicités quant aux modalités de chaînes de
collecte et de traitement (Badland & al., 2011). Par ailleurs, souvent centrés sur les questions
d’indépendance de déplacement appréhendée à partir des habitudes (Loebach & Gilliland,
2016), ils mobilisent peu la notion de trace dans ses diverses dimensions, notamment pour
comprendre la part non-habituelle des activités (auteurs, 2017). Cette communication issue d’un
dialogue interdisciplinaire (géographes, psychologues, sociologues, géomaticiens et
informaticiens) vise à dépasser ces deux verrous scientifiques à partir d’un protocole original
d’enquête, élaboré dans le cadre d’une recherche portant sur l’évolution des mobilités
quotidiennes d’enfants en période de transition scolaire (10-12 ans).
Ce protocole s’appuie sur un corpus hybride de données quantitatives et qualitatives liées aux
mobilités quotidiennes et aux expériences urbaines d’enfants (et de leurs familles) dans deux
contextes urbains différents et selon une démarche semi-longitudinale (sous-échantillon
d’enfants observés en deux temps à l’école primaire puis au collège.
Cette présentation visera d’abord à décrire le protocole d’enquête dans ses différentes phases
et modes de collecte, en précisant les moyens mis en oeuvre pour respecter les données
personnelles et garantir les niveaux d’implication des enquêtés sur les deux phases. Dans un
deuxième temps, nous discuterons de la notion de “trace” dans ses diverses acceptions
(empiriques, méthodologiques mais aussi théoriques et disciplinaires). Entendue à la fois
comme une donnée collectée et une donnée construite, nous montrerons comment la trace
permet un travail interdisciplinaire original pour analyser et penser les pratiques spatiales des
enfants, notamment dans leur mode informel et éphémère. Ainsi, nous expliquerons comment
nous avons conçu le processus de collecte et la chaîne d’analyses permettant d’articuler :
- un corpus de traces GPS enregistrées par des capteurs de géolocalisation, segmentés en
chaîne de déplacements puis enrichis sémantiquement par questionnaire;
- un corpus de traces narratives liées aux apprentissages et attitudes éducatives;
- un corpus de traces sensibles (traces géolocalisées, photographiques, sonores) issues de
parcours commentés réalisés in situ avec les enfants.
- un corpus de données cartographiques permettant de décrire les contextes environnementaux
des corpus précédents;
Au final, cette communication vise à contribuer aux réflexions s’inscrivant dans l’axe 1 en
discutant l’intérêt de combiner des méthodes différentes pour développer plusieurs points de
vue sur une même réalité de pratiques ; et dans l’axe 3 en livrant un retour d’expérience d’une
recherche interdisciplinaire en cours qui s’attache à construire un ensemble de corpus et une
chaîne d’analyses autour de la « trace » entendue comme notion opératoire partagée.
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