"“Baigner les enfants sans les noyer” en séance de Langues et culture polynésiennes : façonnage culturel d’une pratique effective sous tension"
Résumé
Postulant que toute pratique est nécessairement culturellement située, nous cherchons à repérer en quoi les pratiques effectives des enseignants portent la trace et reflètent des éléments de leur culture d’appartenance. Nous mobilisons la théorie de la conceptualisation dans l’action de Vergnaud pour accéder à l’organisation conceptuelle de l’action du sujet : le schème. Le croisement théorique avec la linguistique interactionniste opéré par Vinatier permet d’élucider comment les acteurs agissent pour répondre aux nécessités de la situation de leur point de vue tout en se situant subjectivement dans leur rapport aux élèves. Ce couplage théorique avec la prise en compte des dimensions à la fois verbales, non verbales et paraverbales constitutives de l’interaction en classe nous permet de repérer en collaboration avec les enseignants, de quelle manière les éléments constitutifs de leurs schèmes d’action, dans leurs interactions avec les élèves, sont culturellement façonnés. Nous prenons appui sur une étude de cas à Tahiti pour analyser ici un principe organisateur de la pratique effective d’une professeure des écoles lors d’une séance de Langues et culture polynésiennes en classe maternelle : « baigner les enfants (dans la langue tahitienne) sans les noyer ». L’analyse conjointe a fait émerger que l’enseignante est prise en situation dans des tensions, notamment sur un registre épistémique, dont la résolution en pratique révèle l’influence de son arrière plan culturel sur son positionnement professionnel. L’accès à la dimension culturelle des schèmes des praticiens, dans une perspective de didactique professionnelle, montre la nécessité de tenir compte du contexte de l’activité pour comprendre comme celle-ci « tient », prend sens aux yeux des acteurs, et peut être mise en réflexion au titre de la formation.
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