La notion de réseau dans l'approche de la construction des territoires
Résumé
De quelque discipline qu’elle provienne, la donnée reste avant tout une donnée observable et par conséquent « matérielle ». Les effets mouvants du temps la rendent qui plus est aléatoire et discontinue. En ce sens, elle ne donne jamais qu’une image partielle d’une réalité passée. L’interprétation qui en est faite dépend rétrospectivement du potentiel de contextualisation qui peut se définir comme le résultat de l’interconnexion de différents éléments concrets ou abstraits – des groupes d’habitat aux influences culturelles en passant par les systèmes économiques, d’échanges et d’exploitation.
Préalable à toute approche des relations entre les communautés humaines et leur environnement, la notion de « réseaux » s’entend tout d’abord comme point d’entrée à une étude de la structure spatiale d’un ensemble. Elle y intègre principalement les trames viaires et fluviales comme système(s) relationnel(s) mis en place par les communautés humaines et définis comme des aménagements nécessaires à leurs déplacements entre les différents points de leur(s) espace(s) de vie, d’exploitation et d’échanges. La configuration de ces réseaux relève en effet de besoins qui se déclinent en composantes et liens entre composantes, identifiables a posteriori par leurs répartitions géographiques, la position et le rôle des acteurs locaux en interaction, jusqu’aux répercussions d’événements historiques. L’analyse des réseaux s’entend de ce fait comme celle de l’agencement de structures spatiales articulant et définissant de véritables espaces géographiques, révélateurs des dynamiques d’occupation et a fortiori de l’organisation de « territoires » à plus ou moins grande échelle. La comparaison de ces réseaux dans le temps et l’espace, y compris leurs impacts sur les structures spatiales, permet en outre de mieux appréhender l’évolution d’un ensemble dans ou à travers la totalité de ses traits caractéristiques.
Analyser une société avec la perspective des réseaux permet de combler le fossé qui existe entre l’analyse de chaque élément individuel et son impact sur l’ensemble des éléments interconnectés.