La publication en 1979 de La condition postmoderne. Rapport sur le savoir de Jean-François Lyotard a ouvert la voie à une multitude de variations sur le thème de la modernité, de ses métamorphoses, de ses crises, de ses morts et de ses résurrections. Malgré – ou à cause – de cette surabondance de commentaires, la contribution du paradigme de la modernité à la compré­hension du monde contemporain est de moins en moins nette. Le concept de modernisation qui lui est étroitement lié ajoute à la confusion, car il s'attache généralement à la transformation des modes opératoires des pratiques sociales ou politiques, sans en questionner les finalités. Après avoir réfuté les critiques de la modernité qui, se positionnant par rapport à elle, en restent prisonnières, ce texte s'efforce de mettre en évidence l'épuisement de ce paradigme et son incapacité à rendre compte du monde contemporain. In fine, il s'agit d'analyser la façon dont le monde contemporain se structure autour d'une nouvelle articulation de l'individuel et du collectif, notamment dans un rapport transformé aux institutions et aux territoires. Cette ré-articulation est irréductible aux cadres conceptuels de la modernité.