L'Institut de recherche et d'histoire des textes : quatre-vingts ans de documentation et de recherche L'Institut de recherche et d'histoire des textes clôt ces jours-ci le temps d'anniversaire de sa quatre-vingtième année. La décision de sa création fut prise le 7 mai 1937 dans le bureau de Jean Perrin, prix Nobel de physique 1926, sous-secrétaire d'État à la recherche scientifique dans le premier gouvernement du Front populaire. Elle devint effective le 1 er juillet suivant, avec le détachement de Jeanne Vielliard (1894-1979), alors employée aux Archives nationales, pour exercer les fonctions de secrétaire général de cette nouvelle entité. À la manoeuvre, le député indépendant de la Mayenne élu un an plus tôt, Félix Grat (1898-1940), inscrit à l'Assemblée dans le groupe de la Fédération républicaine, formation de droite. Chartiste, auteur d'une thèse de diplomatique sur les actes de Louis le Bègue, Louis III et Carloman (1923), ancien membre de l'École française de Rome, ce « conservateur raisonnable », « un professeur aux cheveux rares et aux notes abondantes, au corps étriqué et au docte cerveau » 1 militait depuis déjà quelque temps au sein de sa corporation pour un « Institut d'histoire des textes ». À la réunion du 7 mai, dont il n'a pas été semble-t-il conservé de compte rendu mais dont les noms des participants sont connus, était présent Julien Cain, administrateur général de la Bibliothèque nationale (1930-1964), gagné à la cause. Le plaidoyer fut efficace et, à l'automne suivant, le premier noyau de l'institut commençait ses travaux dans la salle de la Rotonde de la Bibliothèque nationale, au bout de la salle de lecture des manuscrits : « pauvre abri de fortune dans une resserre obscure balayée de courants d'air et où l'électricité doit rester allumée toute la journée, mais on a sous la main la plus belle collection de manuscrits qui soit au monde » 2. Ce « laboratoire »on utilisait déjà le mot, mais il n'avait jusqu'alors guère été appliqué à la philologie-, premier en date dans les sciences humaines au titre de la recherche publique, était rattaché à la Caisse nationale de la recherche scientifique (créée en 1935). Deux ans plus tard, quand ladite Caisse fut fusionnée avec le Centre national de la recherche scientifique appliquée (créé en 1938) pour devenir le Centre national de la recherche scientifique 3 , sous les auspices du même Jean Perrin, l'IRHT y fut naturellement intégré.