Figure merveilleuse, Mélusine fut considérée par de nombreux historiens des siècles suivants comme un personnage historique, une comtesse de Lusignan que les poètes « menteurs » auraient muée en fée serpente. C’est peut-être en partie cette ambiguïté d’une fée dont le nom signifie « merveille », mais qui est pourtant rationalisée par les historiens, qui est affublée d’une queue de serpent, mais qui donne naissance à de prestigieux lignages historiques, et dont la figure littéraire trouve son origine dans des textes difficilement classables sur le plan générique, qui explique son inscription dans plusieurs romans contemporains mêlant à des degrés divers une composante historique à une composante merveilleuse. Une distinction générique précise de ces textes, que l’on peut affilier au roman historique, au roman historique merveilleux ou à la fantasy historique, genres ou sous-genres que semble préfigurer la littérature généalogique merveilleuse médiévale, peut s’avérer difficile dans la mesure où ces genres se caractérisent par leur hybridité générique. Cet article propose des pistes de réflexion quant à la distinction de ces genres en étudiant, dans un corpus représentatif, les modalités d’insertion du merveilleux et la construction de la référence merveilleuse.