Tickets de métro et manele : une ethnographie des ‘Ticket-Boys’ à la gare du Nord. Ou les prémisses d’une lecture des expériences urbaines et transnationales des ‘travailleurs’ roumains à Paris
Résumé
Cet article s’appuie sur un premier travail ethnographique mené de janvier à mai 2015 à Paris, gare du Nord. Je venais observer, pendant plusieurs heures, deux à trois fois par semaine, le quotidien d’un groupe de jeunes roumains revendeurs de tickets de métro auprès des touristes et des voyageurs de passage. Les données recueillies m’ont amenées à intégrer dans mon analyse la dimension migratoire des histoires biographiques de ces jeunes. Mineurs pour certains, majeurs pour d’autres, encore célibataires ou mariés, voire parents, en tout cas vivant en famille dans des bidonvilles en Île-de-France, ils sont engagés dans un projet migratoire ayant pour horizon une réussite économique, sociale et symbolique en vue d’un retour définitif au pays. Que celui-ci soit bien réel ou fantasmé, il participe à la construction d’un ‘imaginaire circulatoire’ dans lequel se retrouvent ces jeunes et leur famille. Dans l’attente de cet ultime retour, ils se rattachent à ceux provisoires, essaimés en cours d’année (notamment lors des fêtes religieuses) et aux souvenirs de leur vie précédant la migration. Ainsi se rappellent-ils les raisons de leur présence en France : « faire de l’argent » (Clavé-Mercier, 2012)