Cet ouvrage présente une étude originale du rôle des rangers aborigènes en Australie, au cœur du mouvement social ou projet de vie Caring for Country. Cette fonction est supposée contribuer à maintenir les modalités traditionnelles d’interaction avec la terre et la mer dans les communautés concernées, en tant que reformulation contemporaine d’un rôle coutumier. L’auteure montre qu’elle relève d’un processus de professionnalisation, de bureaucratisation et de redistribution des responsabilités envers la terre et la mer transmises par les précédentes générations. Au fil de ses quatre chapitres, l’ouvrage révèle l’importance d’examiner comment divers niveaux d’influence s’imbriquent et se reflètent dans les activités des rangers et de quelles façons ces processus se traduisent dans le domaine des relations avec la terre et la mer tout comme dans celui des relations sociales internes à ce qui est appelé la « communauté ». L’auteure met également en évidence les tensions inhérentes au fait d’être simultanément un professionnel de la « gestion des ressources naturelles » et un homme ou une femme aborigène impliqué(e) dans des relations de parenté et dans les logiques d’obligation et d’évitement associées. Le cas d’étude présenté illustre, plus généralement, les transformations des formes concrètes de gouvernance des territoires à l’œuvre en Australie, à l’interface de dynamiques exogènes et endogènes intrinsèquement enchevêtrées. Il invite à considérer la complexité des processus visant à articuler les manières aborigènes de penser/panser l’environnement avec des dispositifs scientifiques et bureaucratiques de conservation.