A partir d’une enquête en cours menée auprès d’assistantes maternelles et d’auxiliaires de puériculture, nous analysons le processus de professionnalisation des métiers de la petite enfance et ses effets sur le travail réel et le rapport au travail des professionnelles. Dans ce processus, la dimension éducative du travail auprès d’enfants de 0 à 3 ans apparaît centrale. Elle semble en effet au cœur de revendications pour la reconnaissance de ces métiers. Elle repose assez largement sur un ensemble de normes savantes sur l’enfance issues de la psychologie, et en particulier de la psychanalyse. Les professionnelles s’emparent de manière diversifiée de ces normes professionnelles selon leurs trajectoires et socialisations et selon la configuration du travail (en crèche, à domicile, lors de la fréquentation des réseaux d’assistantes maternelles). Dans un premier temps, nous montrerons comment la légitimité professionnelle des assistantes maternelles et auxiliaires de puériculture est construite et quels sont les vecteurs de diffusion de ces normes professionnelles. Ensuite, nous verrons comment cette logique de professionnalisation peut se heurter aux expériences concrètes du travail auprès des enfants et avec les parents et quelles sont les adaptations et résistances des professionnelles vis-à-vis des normes.