On a souvent souligné le peu d'intérêt que semble manifester l'art laténien pour les sujets figurés et de contenu narratif. Les représentations de l'époque hallstattienne se caractérisent, au contraire, par un goût du pittoresque et du réalisme et l'évolution de l'art décoratif au cours de l'âge du Fer paraît, à première vue, caractérisée par une forte discontinuité au début de La Tène. Pourtant, toutes les régions du monde celtique ne s'intègrent pas de la même façon dans les nouveaux courants artistiques, et la zone orientale est marquée à la fois, à La Tène Ancienne, par une forte utilisation des motifs de tradition orientalisante et par une fréquence des représentations anthropomorphes. La conjonction des deux tendances, qui est propre dès le premier âge du Fer à « l'Art des Situles », caractérise tout naturellement, au tout début de La Tène, un art alpin qui apparaît comme l'héritier direct de cet Art des Situles. Il n'est pas interdit de penser que ces régions ont joué un rôle dans la diffusion, vers d'autres secteurs du monde celtique, des motifs orientalisants . On étudiera les spécificités de cet art régional et la transmission éventuelle de certains motifs à d'autres régions, à travers l'analyse plus particulière de deux thèmes : celui du « Maître des Animaux » et celui de la « Bête dévorante ». Une telle analyse (qui se situe dans la continuité d'études récentes comme celle consacrée par M. Guggisberg au dépôt d'Erstfeld) permet de mieux évaluer le rôle respectif, dans le développement de l'art laténien, de ces marges alpines - autour de sites importants comme celui du Dürrnberg - et d'autres secteurs, auxquels on a plus traditionnellement attribué une bonne partie des productions artistiques du « Premier Style » (comme la Champagne et le Rhin Moyen).