Le territoire est un objet scientifique complexe, situé au carrefour de plusieurs disciplines et mobilisé tant par des approches théoriques qu’appliquées. La géographie est concernée par l’objet territorial, mais elle peut en faire un usage très variable selon la définition qu’elle mobilise. Ainsi, penser les continuités territoriales va consister en géographie à naviguer entre une conception fixiste et posée a priori du territoire, et une vision autoproduite par les usagers, habitants et acteurs internes de sa construction. Ainsi, il va falloir rechercher les continuités territoriales en miroir aux discontinuités territoriales, champ beaucoup plus investigué par les géographes, et donc approcher les notions de seuils, frontières, marges et ruptures. En outre, deux éléments fondamentaux vont orienter le regard du géographe sur la continuité territoriale : d’une part l’évolution temporelle du territoire qui permet d’en identifier des formes de continuité dans l’histoire et dans un futur scénarisé, d’autre part le fonctionnement réticulaire, qui par les réseaux de communication et les processus de coopération, réintroduit de la continuité territoriale là où en apparence des morceaux de territoires restent disjoints. Autrement dit, dès lors qu’on introduit des approches fonctionnelles et sociales du territoire, notamment celle des « territorialités », les processus de production de la continuité s’élargissent et se démultiplient considérablement pour le géographe.