Between passage and anchorage: the territorial logics of "transit camps" in Croatia
Entre el paso y el anclaje: las lógicas territoriales de los "campos de tránsito" en Croacia
Entre passage et ancrage : les logiques territoriales des « camps de transit » en Croatie
Između prolaza i uključivanja: teritorijalna logika “tranzitnih kampova” u Hrvatskoj
Résumé
Le 15 septembre 2015, les autorités hongroises achèvent l’édification
d’une double clôture de barbelés de 4 m de hauteur le long de la frontière
Hongrie-Serbie, une mesure accompagnée d’une modification du Code
pénal criminalisant le franchissement ou la dégradation de la séparation
physique. Ce dispositif perméable, contournable, mais hautement dissuasif,
provoque un redéploiement radical des itinéraires migratoires vers la
Croatie : le soir même une zone de passage est réactivée entre la ville serbe
de Šid et le village croate de Tovarnik. En 24 heures, 11 000 personnes
traversent cet espace frontalier, un chiffre à comparer avec les 3 914
« franchissements irréguliers de frontière étatique » enregistrés par le
ministère de l’Intérieur croate (MUP) sur l’ensemble du territoire croate
au cours de l’année 2014.
Le camp d’Opatovac sera le lieu d’une intense activité humanitaire et
policière jusqu’à son démantèlement complet et sa délocalisation début
novembre 2015 dans un « centre d’accueil et de transit d’hiver » (zimski
prihvatno-tranzitni centar) en périphérie de Slavonski Brod. Jusqu’au
9 décembre 2015, 485 377 migrants sont enregistrés par les autorités
croates dans ces deux camps extrêmement médiatisés.
Ces témoignages de « bouleversements territoriaux » invitent à
penser les interstices dans et par lesquels se produit le contact entre les
migrants dits « en transit » et les individus résidant en Croatie. Quelles sont
les potentialités de coprésence entre ces groupes, et comment le dispositif
d’encampement modèle-t-il leurs interactions ?
Nous étudierons d’abord les fonctions des camps au sein d’une stratégie
de gestion des migrations élaborée aux échelles européenne et nationale.
Affiner l’analyse jusqu’à l’organisation spatiale, sociale et architecturale
des camps permettra ensuite d’observer au niveau micro les pratiques et
les interactions quotidiennes de différents systèmes d’acteurs en situation
de coprésence. Enfin, en observant l’environnement des camps, on pourra
saisir en quoi la recomposition des territorialités et le contexte de perception
et de réception des migrants sont médiatisés par l’encampement.
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