L’étude des villes moyennes se heurte dès le départ à la difficulté d’en donner une définition qui fasse l’unanimité. Il existe en effet plusieurs critères de délimitation de la ville (politique, morphologique, fonctionnel) qui présentent tous une certaine instabilité dans le temps. En outre, il est possible d’adopter différents seuils démographiques pour distinguer les villes moyennes des plus grandes et des plus petites ; de plus, si les bornes de l’intervalle défini sont fixes dans le temps, les effectifs des populations ne le sont pas et peuvent donc s’en affranchir. Devant ces limites, on peut considérer que les villes moyennes sont bien « un objet réel non identifié » et qu’à ce titre il est impossible à appréhender de manière scientifique. Mais on peut aussi soumettre les imperfections d’une catégorisation a priori à un examen des caractéristiques de cet ensemble saisies d’un point de vue transversal et longitudinal et ainsi se donner l’opportunité d’évaluer la légitimité de cette catégorie « villes moyennes ». C’est ce que nous proposons dans cet article. L’analyse des caractéristiques et de la dynamique sociodémographiques sur plus de 40 ans (1968-2010) de l’ensemble des aires urbaines françaises comptant de 20 000 à 200 000 habitants en 2010 met en évidence une homogénéité interne et une hétérogénéité externe suffisamment importantes pour légitimer a posteriori cette catégorisation initiale. Certes, toutes les villes moyennes n’ont pas connu la même trajectoire sociodémographique depuis la fin des années 60 et elles n’ont pas toutes les mêmes caractéristiques en 2010. Mais au-delà des inévitables différences, elles semblent suivre, tant au niveau national que régional, un modèle d’évolution commun qui les distingue nettement des autres catégories d’aires urbaines françaises.