Depuis la chute de Constantinople en 1453, les Turcs s’efforcent de s’emparer des places fortes de la chrétienté . Cependant, le pape Pie V (1504-1572), redouté pour son intempestivité, ne reste pas inactif. Au moment où l'Eglise catholique est menacée de toute part, le Saint-siège a cherché un dominicain pour remettre à flot la barque de Pierre. Cette lourde mission est accomplie en peu de temps (1566-1572) : liturgie, réforme des mœurs ecclésiales, redéfinition du rôle du prêtre, doctrine, mise en œuvre des décisions du Concile de Trente, influence protestante jugulée et enfin victoire à Lépante sur les Ottomans qui ravageaient la Méditerranée depuis des siècles. C’est l’instigateur infatigable de la Sainte Ligue qu’il a formée avec l'Espagne et la République de Venise, victoire attribuée ultérieurement à la dévotion du rosaire. Ainsi la tradition catholique considère que la victoire de Lépante est due à la Vierge Marie. L’anniversaire de cette bataille fut inscrit sous le nom de Notre Dame du Rosaire dans le calendrier liturgique romain. En 1571, après la conquête de Chypre par les troupes turques, le pape Pie V met sur pied la Sainte Ligue, une sorte d’OTAN de notre époque qui est censé décider de l’Europe et de toute la chrétienté. La Sainte Ligue comporte des flottes pontificale, espagnole et vénitienne avec des contributions de Gênes, d’autres États de la péninsule italienne, du duché de Savoie et des Hospitaliers. L'Espagne est représentée par Naples (31 unités), l’Espagne elle-même (12 unités) et la Sicile (7 unités). L’élite des capitaines chrétiens est commandée par le jeune infant Juan d’Autriche, fils naturel de Charles Quint et demi-frère du roi d’Espagne Philippe II, qui s’avère un excellent stratège . L’adversaire est Sélim II (1566-1574), le 11e sultan ottoman, fils et successeur de Soliman le Magnifique (1520-1566), un des monarques les plus éminents du XVIe siècle et à l’origine de la puissance économique, militaire, politique et culturelle de l’Empire ottoman. Son règne correspond à l’apogée de la puissance ottomane et au début de son lent déclin. En dehors des troupes règlementaires, la flotte turque compte également des corsaires et des pirates. Au moment de cette bataille navale, près de 170 000 hommes sur une longueur de 5 km s’affrontent sur la mer ce qui en fait une des plus gigantesques batailles navales de l'histoire. L'immense flotte ottomane - 280 navires, 34 000 combattants - est anéantie, et douze à quinze mille esclaves chrétiens libérés. Lépante est d’abord une hécatombe inutile, où les ennemis s’épuisent dans la bravoure et le sang avant de comprendre que le temps des croisades comme celui de la guerre sainte est irrévocablement révolu . L’exemplaire de la Bibliothèque municipale de Lyon, FC179-07, publié en 1571 à Lyon chez Miche Joue et mise en ligne le 15/10/2007, sans mention d’auteur, en retrace les étapes les plus importantes, son intérêt principal étant d’être une source entièrement méconnue par la lexicographie historique du français préclassique (1500-1650). Notre étude lexicale en dévoile les particularités lexicales (premières attestations, néologismes, termes techniques, emprunts, intertextualité), sur la base du FEW.