Au moment où la politique du salaire minimum suscite tant de débat social et scientifique en France, il ne paraît pas inintéressant de tenter d'éclairer cette discussion à partir de l'observation de la situation des autres pays. Cette optique implique forcément une posture comparative -même implicite- qui aura une forte vertu heuristique. C'est précisément ce que nous cherchons à faire ici, en prenant le cas du Japon dont le fonctionnement du marché du travail demeure encore très mal connu. Le choix de ce pays représente un certain intérêt analytique, parce qu'il révèle souvent une forme originale de la médiation entre les lois économiques et les forces sociales. Ce qui nous force à "contextualiser" le phénomène du salaire, c'est-à-dire à essayer de lire les lois économiques, en tenant compte du contexte sociétal -spécifique au Japon- au sein duquel elles s'opèrent et prennent le sens. Cette présente étude, limitée à la méthode descriptive, aura comme objectif de contribuer à enrichir la réflexion sur le salaire minimum, voire sur la formation générale du salaire, en montrant notamment comment la notion de l'équité salariale, si elle était vraiment construite du point de vue sociologique, pourrait constituer un outil analytique intéressant.