Ce chapitre analyse des discours de professionnels de santé à propos des enfants de 9 à 14 ans et particulièrement de la puberté. Il questionne l'évidence d'une différenciation binaire expérimentée comme « naturelle » par les professionnels et construite sur une différenciation sociale hiérarchisée (Mathieu, 1991 ; Guillaumin, 1992 ; Laqueur 1990). Il croise les dimensions du genre, de l'âge, de la classe sociale et de l'ethnicité telles qu'elles construisent des stéréotypes en homogénéisant et hiérarchisant les enfants et adolescents. Les observations cliniques des professionnels ne résistent pourtant pas aux stéréotypes de la fille hypersexualisée ou pubère plus tôt, ni du gamin toujours en retard par rapport aux filles de son âge. Les constats cliniques ne les amènent pas à pas en cause la bicatégorisation de genre/sexe, mais les professionnels produisent alors un discours sur la singularité, la normalité de la variabilité des temporalités pubertaires tant qu’elles demeurent dans les normes statistiques. Une forte disjonction apparaît entre les alertes médiatiques et médicales internationales sur l’avancement de la puberté et les pubertés précoces et les discours des professionnels interviewés qui n’adhèrent pas à cette alarme.