Dans ce dialogue, le Grec Mnèsippos, et le Scythe Toxaris débattent de la valeur de leur peuple en matière d’amitié ; pour l’emporter, ils racontent chacun cinq exemples d’actes d’amitié pris chez leurs contemporains. Malgré l’équilibre des récits, c’est bien le personnage de Toxaris qui est l’objet véritable du dialogue. Le point de focalisation à partir duquel le regard sur l’autre se développe est celui du Grec. Mnèsippos développe une interrogation sur l’autre, il part à la découverte du monde scythe à travers son représentant Toxaris. Nous verrons ensuite que la position privilégiée de Toxaris comme porte-parole des Scythes lui permet de donner des éléments ethnographiques concernant leur mode de vie et leurs croyances et de nuancer en partie les représentations stéréotypées de Mnèsippos. Mais Toxaris ne saurait être considéré comme le type même du Scythe. C’est un personnage complexe plein d’ambiguités qui vit en Grèce, en connaît la langue, les mœurs et la culture. C’est un Scythe parfaitement hellénisé. Aussi ne faut-il pas se méprendre sur la fin du dialogue : si Toxaris est un interlocuteur fréquentable, et s’il devient même un ami, c’est sans doute parce qu’il est ce personnage à part, à la jonction des deux cultures.