Observer et comparer la décroissance d’objets spatio-temporels dans le temps et dans l’espace pose des enjeux méthodologiques, conceptuels et empiriques. Une première réflexion concerne la manière dont les objets et leur évolution sont approchés par chaque discipline, selon ses sources et ses méthodes. Comment se construit une approche archéologique de la décroissance ? Comment les géographes ou les historiens appréhendent-ils cette thématique ? Au delà des approches disciplinaires, les résultats de l’observation de la décroissance dépendent du choix de la définition et de la délimitation des objets spatiaux, des dimensions observées (population, activités, traces matérielles...), de l’échelon d’observation (un quartier, une ville, une région...), de l’étendue de la période d’observation et de sa granularité temporelle et, enfin, des contextes spatiaux de l’étude. En suivant le formalisme proposé par Peuquet (1994), qui structure l’information recueillie sur l’objet à partir de trois dimensions : spatiale (où), temporelle (quand ?) et thématique (quoi ?), nous proposons ainsi d’ajouter à celle sur les sources deux autres réflexions, portant sur la mesure de la décroissance. La première s’intéresse au contexte spatio-temporel et envisage la manière dont un changement de référentiel (par exemple l’espace relativisé par la vitesse de déplacement) peut inverser un résultat et aboutir à un constat de stabilité, voire même de croissance, plutôt que de décroissance. La seconde s’intéresse à la dimension temporelle et propose, à partir du cadre théorique élaboré dans Mathian et Sanders (2014), une formalisation des méthodes utilisées jusqu’ici par les chercheurs pour caractériser la décroissance.