Les cavités qui existent dans les grès de Fontainebleau, appelées abris par les archéologues, ont leurs parois couvertes par des encroûtements (sensu lato) plus ou moins importants qui, d’une part occluent le grès et, d’autre part, sont à l’origine de desquamations qui arrachent des pellicules superficielles du grès sous-jacent. Certaines croûtes ont été gravées de façon indubitable par l’Homme, d’autres recouvrent les sillons gravés par l’Homme et se sont donc développées après les gravures. Dès les premières inspections des abris ces croûtes n’ont cessé d’être mises en avant au nom du « meilleur et du pire ». Le pire quand ces encroûtements masquent le grès et donc les éventuelles traces du travail de gravure, et surtout lorsqu’elles « mangent » les panneaux gravés par exfoliation. Le meilleur quand on fait l’hypothèse que leur formation cumulative dans le temps pourrait servir à la datation relative d’encroûtements qui touchent des objets d’âge différent. Cette voie a été explorée pour éventuellement obtenir des indications d’âge complémentaires aux arguments archéologiques ou une estimation même imparfaite en l’absence d’autres arguments. Pour cela on a commencé par montrer la composition de ces croûtes essentiellement formées de gypse. Elles se développent par évaporation des eaux porales qui infiltrent le grès. Les éléments dissouts proviennent du grès, de de l'eau de pluie et de la décomposition des éléments végétaux qui jongent les blocs de grès. Nous résumons ici les observations qui ont été faites sur les encroûtements des abris gravés depuis le début du PCR ARBap en 2017 et qui ont été présentées de manière dispersée dans les rapports des années précédentes. L’étude des croûtes s’est faite en trois étapes : les premières analyses ont été faites sur échantillons prélevés dans des abris non gravés (2017) avec reconnaissance des morphologies à la loupe binoculaire ; une seconde étape (2018-2019) a consisté à préciser les organisations micro-morphologiques et les compositions chimiques des composantes à l’aide du Microscope Electronique à Balayage (MEB) ; enfin la troisième étape (2020), qui fait l’objet du présent rapport, a cherché à mettre au point une méthode d’observation directe in situ des croûtes liées aux objets archéologiques.