Contre ceux, et ils sont légions, qui confondent efficacité et frénésie, nous proposons ce vaccin : jouir sûrement, lentement, pleinement, et sans excès des plaisirs des sens. Afin de lutter contre l'avilissement du "Fast-Food", commençons par la table avec le "Slow Food" et redécouvrons la richesse et les saveurs de la cuisine traditionnelle ». Le ton est donné. Quelques lignes du Manifeste de Slow Food 1 et nous voilà plongés dans les termes d'un engagement profond et durable, où la table, le goût, les saveurs retrouvent tous leur dignité et tous leurs droits. D'abord la saveur du combat. Des principes : défendre (« le plaisir de vivre »), lutter (« contre l'avilissement du fast-food »), et des armes : des saveurs, des saveurs et surtout de la lenteur. Le temps de produire, de faire, de préparer, de savourer. Le temps d'éduquer et de transmettre, de cultiver, la terre et le partage. Un engagement qui rassemble aujourd'hui plus de 100 000 membres, répartis entre plus de 1000 structures locales ou convivia, à travers 130 pays. Cet engagement prend des formes diverses, en termes d'événements internationaux (Salone del Gusto, Terra Madre, Cheese, Slow Fish), d'institutions, de formation universitaire, de création et d'édition. A l'intérieur de ce système de communication global, pensé à l'origine (1989) par le fondateur du mouvement, Carlo Petrini, il est essentiel de comprendre l'armature du discours de l'organisation, comme expression de son engagement humaniste et planétaire. Quels sont les ressorts axiologiques de ce discours, dans la valorisation de cet humanisme et de cette action ? Quelles sont les thématiques foncières déployées autour de ces valeurs, et selon quelle(s) logique(s) discursives ? Il ne s’agit pas, ici, de procéder à une analyse de contenu, mais de saisir les ressorts sémiotiques et symboliques qui donnent au discours de Slow Food toute son ampleur, au premier rang des acteurs qui s’engagent pour une alimentation plus saine, plus équitable, à l’image de sa signature : « Good, clean and fair food ». Mais, impossible d’éluder la question sur la dimension éthique de tout engagement, au fondement de la pratique et de l’action.