Résumé : Force éditoriale, positions institutionnelles, facilités intellectuelles peut-être aussi ont progressivement imposé en France une définition restrictive de la géographie. Celle-ci serait, selon le dictionnaire considéré comme le plus abouti., l’étude de « l’espace des sociétés et la dimension spatiale du social », seules les sociétés humaines devant être considérées et «l’acception écologique (géographie = relations « hommes/milieu ») [devant] être fermement bannie » (article Géographie, in Levy J., Lussault M., 2003). Dès lors, exit la compréhension des dynamiques paysagères, exit la « géographie physique » mais aussi exit la « nature » même dans sa part humaine. Aussi, d’un point de vue épistémologique l’affaire semble pliée : la géographie des animaux n’est pas affaire de géographes, les animaux acteurs de la planète, êtres sensibles relèvent de considérations hors de propos, voire anti-humanistes ! Pourtant, on peut sortir de cette définition d’un dictionnaire et partir des pratiques scientifiques pour la rendre plus ouverte, et peut-être même repenser la géographie à partir du cas des animaux. Car cette affirmation peut aussi être lue comme le produit d’un anthropocentrisme exacerbé qui a conduit à l’imposition d’un discours intégrateur fondé sur l’exclusion et permis par « l’écoloscepticisme » d’auteurs aux fortes positions institutionnelles, freinant le développement d’approches plus écologiques et refusant d’autres points de vue, notamment la prise en compte des regards non-humains car considérés comme des non-acteurs. Dès lors, on peut découvrir que les questions environnementales sont restées essentielles dans les questionnements de nombreux géographes mais qu’ils ont effectivement peu abordé les questions animales pour des raisons liées à leurs pratiques disciplinaires et à leur incapacité à les inclure pleinement dans la biogéographie. Le renouveau des approches de l’environnement par les géographes peut intégrer le « tournant animal » des sciences humaines comme le montrent une multiplication de travaux récents qui révèlent les dimensions géopolitiques du rapport des sociétés humaines aux animaux et appellent donc à une conception ouverte de la géographie, science sociale certes mais aussi humaine et environnementale.
Epistémologie de la géographie des animaux en France : de la biogéographie à la géopolitique.
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