Situées à l’amorce du contournement de la colline du Moulin, et corroborées plus à l’aval du tracé (Lotton 2019), ces corrections illustrent les difficultés rencontrées par les ingénieurs antiques lors du nivellement de la conduite, tout autant que leur capacité à les surmonter. Principal objet de la prescription, l’ensemble funéraire tardo-antique s’est avéré plus modeste qu’espéré. Une seule tombe a été mise au jour en plus de celles découvertes au diagnostic, soit quatre au total seulement, dont deux fouillées intégralement lors du diagnostic. Comme souvent en Bretagne, les restes osseux ont totalement disparu, interdisant toute approche biologique et limitant très largement les observations taphonomiques. La présence d’un contenant en bois cloué est fortement soupçonné dans la sépulture ST 31 ; c’est le seul cas. Trois des quatre fosses sépulcrales ont livré du mobilier d’accompagnement en céramique et en métal ; celui-ci est modeste, conformément aux pratiques locales observées . Au sein de ce mobilier, trois cruches du type Chenet 345 et un gobelet type Chenet 334 permettent de situer la mise en place de l’ensemble funéraire durant la première moitié du IV e siècle de notre ère. L’hypothèse de sépultures militaires semble en revanche devoir être écartée, l'objet initialement identifié comme un fer de lance relevant en réalité plus probablement de la sphère de l'outillage (poinçon ?, alêne ?, aiguillon de bouvier ?) que de l’armement. Quoique modeste, la découverte de ce petit ensemble funéraire n’en demeure pas moins d’un grand intérêt dans la mesure où elle vient ajouter un point sur la carte encore très clairsemée des sites funéraires tardo-antiques dans la cité des Osismes. Contrairement à ce qui est fréquemment observé dans le Finistère (Creac’h ar Vrenn à Cléder/Plouescat ; la Fontaine Margot à Brest ; Ty Korn à Gouesnac’h ; Kroas Lesneven à Châteauneuf-du-Faou), les fosses sépulcrales ne sont pas ici inscrites au sein d’un enclos. Du reste, aucune limite ne vient circonscrire l’espace funéraire, qui semble toutefois s’accoter à un petit chemin, peut-être d’origine protohistorique. Même si le mobilier diffère par sa qualité, les nécropoles de Ty Korn à Gouesnac’h ou du Bourg à Saint-Marcel offrent des similarités en termes de rituel. On note plus particulièrement la découverte d’une tige, potentiellement une alêne, et de clous de chaussures, qui font écho à des découvertes similaires dans la sépulture 20 du site de Kroas Lesneven (Roy 2010 : 42-43). La découverte de ce petit ensemble funéraire n’a par ailleurs pas d’équivalent connu à Carhaix, où aucune sépulture du Bas-Empire n’avait encore été recensée. Bien qu’éloigné du centre urbain et relevant probablement d’un établissement rural dont la localisation nous demeure inconnue, l’ensemble funéraire mis au jour sur la zone 5 de la ZAC de Kergorvo illustre le maintien des modes de vie gallo-romains au début du IV e siècle dans les campagnes de Vorgium. Celui-ci transparaît ici à travers les rituels d’inhumation et la présence, parmi le mobilier d’accompagnement, de céramiques d’importation (sigillée de l’Est) attestant la pérennité des circuits commerciaux hérités du Haut-Empire. La véritable rupture a lieu plus tardivement ; sur la zone 5 de la ZAC de Kergorvo, elle semble effective à la fin du VI e ou au début du VII e siècle, date à laquelle l’installation de plusieurs structures de combustion à l’emplacement d’une ancienne limite parcellaire – sans doute un chemin – témoigne de l’abandon des modes d’occupation des sols de l’Antiquité.