Le PCR Fortifier les Alpes au Moyen Âge, auquel participent une dizaine de chercheurs (doctorants, archéologues, universitaires) vient d'achever fin 2019 son année probatoire. Né du constat de la raréfaction des recherches en matière de castellologie dans le quart Sud-Est, il a pour but d'une part de les redynamiser mais aussi de mettre en lien les différents chercheurs travaillant sur cette thématique. Il est l'héritier des grandes recherches et inventaires lancées à partir des années 70, comme celles portant sur les châteaux de terre, et propose d'organiser le rassemblement et la synthèse de toutes les données accumulées sur le fait castral dans l'espace alpin entre Rhône et Durance. La zone géographique concernée par le PCR correspond aux états médiévaux de Savoie et du Dauphiné ainsi que de leurs marges (Faucigny, Genevois, Valentinois, Marquisat de Provence, Dauphiné transalpin). Six départements appartenant à deux régions sont pour le moment inclus : L'Ain, la Drôme, l'Isère, la Savoie, le Haute-Savoie pour la région Auvergne-Rhône-Alpes et les Hautes-Alpes pour la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Les perspectives de recherches s’insèrent en premier lieu dans un cadre global de rassemblement des données sur les sites fortifiés de l’aire géographique étudiée au sein d’une base de données à laquelle sera associé un référentiel des datations scientifiques (C14, dendrochronologie, etc.) connues sur le milieu castral de notre aire d’étude. La finalité de la constitution de cette base de données est une publication en ligne via un SIG. Cet outil sera utile à la fois aux chercheurs, puisqu’il rendra disponible des données souvent éparpillées voire inaccessibles, à la carte archéologique nationale, aux acteurs de la mise en valeur et de la conservation du patrimoine, mais également au tout public qui pourra se rendre compte de la diversité, de la complexité et de l’intérêt du patrimoine médiéval fortifié des Alpes. Trois axes de recherches spécifiques ont été définis pour observer le phénomène de fortification de l’espace montagnard alpin sous divers aspects : • Axe 1 : Premiers châteaux de l'espace alpin. Ce thème souhaite reprendre le dossier des fortifications avant l'an Mil ou sur lesquelles une occupation ancienne est attestée (tardo-antique, mérovingienne, carolingienne). Elles sont a priori peu nombreuses et l’échelle large du PCR permettra une confrontation des données indispensable à la compréhension de cette période. • Axe 2 : Terminologie et forme des édifices fortifiés. Cette problématique propose de définir avec le plus de précision possible quelles sont les structures fortifiés en terrain de montagne et les relier avec un statut juridique. Cela comprend la reprise du dossier des mottes castrales mais aussi de celui des bâties (ou bastides) ou des maisons fortes et des résidences des élites rurales et urbaines. • Axe 3 : Morphologie et évolution des ensembles castraux. Ce dernier thème se penche sur l'architecture des édifices et de leurs évolutions afin de restituer le plus fidèlement possible les bâtiments des châteaux de montagne et leurs fonctions. Outre l'organisation du PCR et la définition des axes scientifiques, cette année probatoire a permis de mettre en place les premiers chantiers qui se poursuivront lors du plan triennal. Lors de réunions trimestrielles assidues, un inventaire des premiers châteaux, construit avant l'an Mil dans la zone du PCR a été dressé tout en constatant que de nombreux sites n'étaient probablement pas détectés par notre méthode d'inventaire. Il conviendra par la suite de proposer une nouvelle méthodologie afin d'affiner notre liste et proposer une synthèse sur l'implantation des premiers châteaux en environnement montagnard. D'autre part, les discussions et partages sur la thématique des bâties nous amène à proposer pour l'année 2020 la tenue d'une journée d'étude afin de montrer l'étendue de la problématique, ben plus large que nous l'avions pensé jusqu'alors. Enfin, les bases de la chrono-typologie des ouvertures de tir ont été dressées par la création d'une liste de sites adéquats à étudier dans ce cadre ainsi qu'un conducteur pour la rédaction des notices afin de rendre le résultat final plus aisément publiable. La participation assidue de tous les membres du PCR démontre de son utilité pour la communauté scientifique. Le premier bilan fait également état du besoin de renouvellement de la recherche en castellologie avec la création de nouveaux outils d'études et de nouvelles méthodes d'inventaires.