La contribution met en évidence le rôle de la rhétorique sacerdotale dans la mise en oeuvre des révolutions que le Royaume des Deux-Siciles a connues entre 1799 et 1848, dans un contexte d'imposition contrastée de la modernité politique. Entre expression de revendications politiques locales, stratégies de défense professionnelles et expression d'une autorité qui prend sens au sein de communautés politiques principalement villageoises, il s'agit de montrer la diversité du répertoire d'action des prêtres, qui remobilise leurs compétences de prédicateurs et d'enseignants. La parole sacerdotale, formée dans les écoles de rhétorique napolitaine, se précise et s'affirme tout au long de la première moitié du XIXe siècle pour constituer la base d'une pédagogie politique qui exploite notamment les figures locales des martyrs politiques. C'est donc le rôle des prêtres dans la construction d'une "religion politique" propre aux courants libéraux du premier XIXe siècle que le cas napolitain permet d'interroger.