Ce texte s'articule autour de deux idées simples, qui vont être complexifiées par une analyse extrêmement précise : les évaluations scolaires ont un rôle important dans l'orientation, d'une part. D'autre part, les évaluations scolaires supportent un certain nombre de biais. Cette analyse apporte du même coup des éléments précis sur les mécanismes des inégalités sociales face à l'orientation ; elle permet de chiffrer ce qui, dans les inégalités sociales importantes que l'on constate au niveau de ce premier pallier d'orientation que constitue la fin de 5ème, dans le système scolaire français revient aux inégalités sociales de réussite sédimentées pendant toute la scolarité antérieure, aux inégalités sociales de demande d'éducation, aux différences de fonctionnement de l'orientation. Pour qui s'intéresse à la réduction des inégalités sociales face à l'orientation, ces données permettent d'estimer ce qu'on est en droit d'attendre d'une réduction des bais sociaux dans l'évaluation des élèves, mais aussi d'une politique de réduction des inégalités de réussite scolaire en amont de la 5ème, et ou de pratiques plus centrées sur les inégalités de demande, très fortes dès ce stade de la scolarité.