Managing a body in transformation: crossed views of French and Italian children
Gouverner un corps en transformation : regards croisés d'enfants français et italiens
Résumé
The idea of the human being as incomplete is a frequent feature in most cultures. In childhood, this fundamental "incompleteness" (Remotti 2003) mobilizes knowledge and practices, ordinary or ritual, aiming at fully inscribing the young person in the social community and at singling him out. The objective of this chapter is twofold. First, it questions what a bodily transformation is for the children between 9 and 14 years old who experience it. The passage from childhood to adolescence is an ideal time to study how children identify phenomena as changes, how they name them, give them meaning, accompany them and, in so doing, produce them. What do children see as changing and how do they define their bodily transformations? And what do they do with them as they grow older and in their multiple interactions with their family, friends and peers? The second goal is to show to what extent this fabrication of a "new" body constitutes a collective enterprise: height, menstruation, hair, odors, voice only make sense for the children-and for the anthropologist who meets them-if they are the object of discourse and socialized practices. As in other contributions in this book, the intimate body is never separated from its public presentation. In order to grasp these plural ways of doing and thinking about bodily change, as well as the complex interweaving of biological, personal, familial, social.
L'idée de l'humain comme inachevé constitue un trait fréquent dans la plupart des cultures. À l'enfance, cette « incomplétude » fondamentale (Remotti 2003) mobilise des savoirs et des pratiques, ordinaires ou rituelles, visant à inscrire pleinement la jeune personne dans la collectivité sociale et à la singulariser. L'objectif de ce chapitre est double. Premièrement, il questionne ce qu'est une transformation corporelle pour les enfants entre 9 et 14 ans qui la vivent. Le passage de l'enfance à l'adolescence est un moment d'élection pour étudier comment les enfants identifient des phénomènes comme étant des changements, comment ils les nomment, leur confèrent un sens, les accompagnent et, ce faisant, les produisent. Qu'est-ce qui change selon les enfants et comment définissent-ils leurs transformations corporelles ? Et, qu'en font-ils dans leur parcours d'avancée en âge et dans les interactions multiples avec leur famille, leurs amis, leurs camarades ? Le deuxième objectif est de montrer à quel point cette fabrication d'un corps "nouveau" constitue une entreprise collective : taille, règles, poils, odeurs, voix n'ont du sens pour les enfants-et pour l'anthropologue qui les rencontre que s'ils font l'objet de discours et de pratiques socialisées. Comme dans d'autres contributions de cet ouvrage, le corps intime ne se départit jamais de sa mise en public. Pour saisir ces manières plurielles de faire et penser le changement corporel, ainsi que l'enchâssement complexe de dimensions biologiques, personnelles, familiales, sociales.
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